
Dans le territoire restreint d’un pays post-soviétique indéterminé, on suit le quotidien de Nòi, un adolescent qui est en âge de passer le Kännöst sorte de rite de passage vers le monde des hommes. La mère de Nòi, comme la plupart des femmes, a déserté le village.
Au fur et à mesure de sa dérive l’espoir de Nòi s’estompe, son corps se marque, il mange très peu, s’évanouit, vomit. Il fait subir à son corps une traduction de son mal-être. Hanté par la mort de son chien sèchement achevé par son grand-père et retenu par l’idée d’un retour de sa mère. Nòi refuse de grandir.
L’écriture est énergique et incisive, des bribes, ça et là, nous aident à reconstruire le tableau du territoire de Nòi et de sa famille. Éric Richer emploie une langue qui s’attarde sur le corps et les chaires et qui dépeint avec réussite l’énergie auto-destructrice d’un jeune adolescent retenu dans une communauté de brute souvent alcoolisées et qui semblent combler l’absence des femmes à travers l’exhibition de leurs engins motorisés.
C’est un roman d’apprentissage qui dessine un quotidien d’une grande noirceur. Pauvreté, misère sociale, absence de femmes, trichloréthylène, violence et carcasse de voiture La Rouille ne laisse pas de marbre.
Éric Richer est né en 1971 à Avignon, La Rouille est son premier roman, paru aux belles Éditions de l’Ogre sous licence creative commons ;
